Au cours de la grossesse, beaucoup de femmes enceintes s’interrogent ou s’inquiètent sur la suite puisque durant le premier trimestre, il existe des risques de fausse couche et donc de perdre le bébé. La fausse couche (aussi appelée “avortement spontané”) est l’expulsion d’un foetus au cours des 5 premiers mois de grossesse. Sans vouloir minimiser le risque de fausse couche, sachez cependant que dans la grande majorité des cas, la grossesse se déroule normalement.
Après le diagnostic de grossesse établi, les femmes vivent les premières semaines de façon assez contrastée. Après le bonheur de se savoir enceinte (pour les grossesses désirées), le début de grossesse peut être plus ou moins gâché par des symptômes de grossesse physiques dont vous vous passeriez bien et qui sont liés aux fortes augmentations des hormones : nausées, vomissements, coups de fatigue, tensions mammaires, etc.
A côté de ces manifestations physiques, des aspects psychologiques peuvent perturber ces premières semaines. Comme la crainte d’une fausse couche et de perdre le bébé.
4 fois sur 5, tout se passe bien
La fausse couche est forcément dans l’esprit de toute femme enceinte. Elle est en effet relativement fréquente, puisque concerne un taux d’environ 20 % des grossesses. Ce qui signifie aussi qu’il faut rester positif !
Quatre fois sur cinq, tout se déroule sans problème. La fausse couche précoce se manifeste au cours du 1er trimestre, avant la 12ème semaine d’aménorrhée (10ème semaine de grossesse). Au cours du 2ème trimestre, on parle de fausse couche tardive.
La fausse couche ne représente que 5 à 10% des fausses couches. Enfin, on parle de fausse couche à répétition à partir de 3 fausses couches consécutives avec le même partenaire. C’est beaucoup plus rare et une étude parue dans The Lancet estime à 0,7% le nombre de femmes ayant subi des fausse couche à répétition.
Quelle en est les causes d’une fausse couche ?
Dans la majorité des cas, une fausse couche correspond à un phénomène naturel, à l’élimination d’un œuf (suite à la fécondation d’un spermatozoïde et d’un ovule) qui n’est pas viable. C’est une réalité difficile à accepter, mais si les choses se sont mal passées lors de la fécondation, naturellement la grossesse s’interrompt.
Des anomalies génétiques ou chromosomiques chez le fœtus est généralement en cause. Autre éventualité : un « œuf clair ». C’est un œuf sans embryon qui comporte une enveloppe mais sans rien à l’intérieur. Dans ce cas, la grossesse est impossible. Cet œuf clair peut alors se résorber spontanément ou être éliminé par une fausse couche.
Généralement, on ne cherche pas à connaître la cause d’une fausse couche dans une consultation préconceptionelle, sauf si bien sûr le problème se répète plusieurs fois. Certains facteurs tendent à augmenter le risque :
- Un âge maternel au-dessus de 40 ans ou en dessous de 20 ans
- La présence d’un fibrome utérin (myome)
- Une anomalie chromosomique ou génétique chez un des parents
- Certaines maladies spécifiques comme un trouble de la coagulation
- Une infection ou une maladie immunitaire chez la femme
D’après certains travaux, des facteurs environnementaux, comme une exposition à des perturbateurs endocriniens augmenterait également le risque de fausses couches. On trouve des phtalates dans des produits cosmétiques, des solvants, des revêtements, etc.
Fausse couche : vérification grâce à une échographie
Les symptômes classiques d’une fausse couche sont des saignements soudains. Ils peuvent être abondants, surtout en cas d’évacuation incomplète du sac gestationnel. Ils risquent même de provoquer un malaise, voire une perte de connaissance. Ces saignements s’accompagnent parfois de douleurs, similaire à des crampes. Des symptômes assez similaires peuvent aussi survenir en cas de grossesse extra-utérine qui nécessite d’urgence l’avis d’un médecin ou d’une sage-femme.
En cas de saignement, il faut donc prendre un avis médical. Si une fausse couche est suspectée, une échographie par voie endo-vaginale est effectuée. Elle permet de visualiser l’intérieur de l’utérus, de rechercher la présence de l’embryon, l’enveloppe de l’œuf, de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une grossesse extra-utérine… et de vérifier si la fausse couche a été complète ou pas.
Si celle-ci est incomplète, le gynécologue peut proposer d’effectuer un traitement par aspiration endo-utérine afin de retirer le foetus et le placenta. D’autres fois, une expulsion complète de l’œuf peut se faire plus tard de façon spontanée, ce qui exige tout de même une surveillance auprès du gynécologue. Par la suite, si cet accident de fausse-couche est mal vécu (ce qui peut parfaitement se comprendre !), le médecin peut vous proposer d’être aidée et soutenue par un psychologue.
>> Box grossesse sans perturbateurs endocriniens
Un saignement ne veut pas dire forcément fausse couche
Attention cependant, tout saignement n’est pas le symptôme d’une fausse couche. Par exemple, durant le premier mois, il arrive que 8-10 jours après la fécondation, la femme perde du sang au moment de la nidation (quand l’œuf s’implante dans l’utérus).
Ce saignement, souvent sans douleurs, peut même être parfois confondu avec les règles alors qu’il signifie en réalité le début d’une grossesse. D’autres fois un petit saignement provient de l’extérieur du col utérin et est sans gravité pour la santé de la mère ou du bébé. Et donc sans aucun rapport avec une fausse couche. Mais comme nous l’indiquions, au moindre doute, n’hésitez pas à consulter un médecin, un gynécologue ou votre sage femme.
Dr Nicolas Evrard
Les sources :
- Huchon et al. Pertes de grossesses : recommandations pour la pratique clinique – Texte court. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2014;43(10):918-928.
- Pr Blandine Courbière, Pr Xavier Carcopino, Gynécologie-obstétrique, La référence iKB, VG éditions, édition 2019.
- Pertes de grossesse. Recommandations pour la pratique clinique. CNGOF 2014.